En cette période de confinement du au Covid 19, pas le choix, on doit rester chez soi. Alors quand on a fait le tour de toutes les activités que l’on avait remises à plus tard, le moment semble idéal pour travailler sur soi et passer à l’introspection. Le silence, la distance sociale, l’isolement parfois, permettent de recentrer l’attention sur soi, et poussent à évoluer personnellement ou professionnellement, progresser, continuer à se dépasser pour avancer, franchir de nouvelles étapes, réussir et être heureux.
Dans le cadre personnel ou professionnel, il peut alors s’avérer pertinent de se tourner vers un coach pour entreprendre un coaching de vie, un coaching de performance ou un coaching professionnel.
Mais comment faire appel à un coach sachant qu’il est aujourd’hui impossible de le rencontrer physiquement?
Le coaching à distance est habituellement utilisé comme moyen de communication secondaire, offrant souplesse et agilité dans l’organisation des séances. Sauf qu’en cette période de confinement, c’est la seule option pour progresser avec un coach.
Je vais tenter de vous fournir quelques éléments de réponse, et également répondre à d’autres questions courantes comme:
– Le coaching est-il aussi efficace à distance qu’en face à face?
– Obtient-on les mêmes résultats?
– Dois-je payer moins cher ma séance?
On le dit souvent, les États-unis sont en avance dans beaucoup de domaines et c’est également le cas du coaching. La pratique est née là bas et s’y est énormément développée pour arriver jusqu’à nous.
Initialement centrée autour de la performance sportive, et de la préparation mentale, il est devenu courant de recourir au coaching pour évoluer sur des thèmes tels que l’estime de soi, la destruction de croyances limitantes, l’accompagnement dans la détermination et l’atteinte d’objectifs personnels, professionnels ou sportifs, mais aussi pour travailler sur des problématiques telles que les addictions ou la perte de poids pour ne citer que ces exemples.
Le dynamisme de la pratique a favorisé son développement en dehors des cabinets des coaches. Le téléphone comme les outils de visioconférence sont en parallèle devenus de plus en plus performants et ont été les vecteurs de ce développement.
Le coaching à distance est donc assez bien établi, encadré et étudié. Cela permet donc de disposer d’une grande quantité d’études et d’informations sérieuses sur le sujet.
Pour étayer mes propos, je me suis donc appuyé sur des cas d’études menées outre-Atlantique, validées et publiées dans des revues scientifiques renommées. A l’attention du lecteur curieux, j’ai pris le soin d’indiquer une liste succincte de références à la suite de l’article.
Les études indiquent que l’un des premiers avantages que procure le coaching à distance est de rendre ce dernier accessible à tous, aussi bien aux clients qu’aux coaches. Les individus habitant en dehors des grandes agglomérations peuvent y avoir recours alors que leur éloignement géographique pouvait auparavant y être un obstacle. Il est à noter également que le téléphone ajoute encore plus d’accessibilité pour ceux qui résident dans des zones à faible couverture internet.
Dans le contexte actuel, on ajoutera que cela rend le coaching accessible, tout court.
On apprend également que les expériences de coaching vécues au téléphone se sont montrées majoritairement positives, que ce soit du point de vue exprimé par les clients comme par les coaches. Les résultats, eux aussi, se sont montrés positifs, tant sur les critères d’atteinte d’objectif que du bien être.
Il est important ici de souligner que les résultats ont été observés « durablement » (6 mois après la fin de l’accompagnement). Le soufflé ne redescend donc pas aussitôt le parcours d’accompagnement terminé.
Les coaches ayant pris part aux études ont indiqué que leur expérience du coaching s’était montrée plus puissante lorsqu’elle était menée au téléphone, notamment parce que leurs clients s’étaient déclarés plus à l’aise à révéler des éléments personnels déterminants dans l’avancée du coaching. Je reviendrai sur les explications à cela un peu plus loin dans l’article.
On apprend que l’attention et la concentration du coach vis à vis de tous les détails de l’échange sont déterminants dans le succès d’un coaching au téléphone. L’attention et la concentration du client se révèlent, elles aussi, déterminantes, notamment pour favoriser une introspection plus profonde et plus sincère qui permettent au coach de travailler en profondeur.
On a beaucoup entendu parler cette “règle” selon laquelle 7% de la communication passerait par le verbal, 37% par le para-verbal et 55% par le non-verbal. Établie par Albert Merhabian, célèbre psychologue, elle a été reprise dans tous les domaines de communication possibles alors que son auteur avait pris le soin de préciser son champ d’application: celui de l’expression des émotions.
Son interprétation sans discernement nous a alors conduit à penser que l’absence de contact visuel pouvait être un frein à l’établissement d’une bonne communication et donc d’une relation de qualité. Cela ouvre de nombreuses perspectives, en termes de communications, et pas seulement dans le cadre du coaching.
Claude François, adepte de la première heure?
Pour confronter ces résultats de recherche à la réalité du terrain, j’ai interrogé 21 coaches professionnels certifiés en activité lors d’entretiens téléphoniques. Parmi ces coaches, des coaches sénior tels que Thierry Soas, Florent Poulet, ou Inta Leymann, d’autres encore des préparateurs mentaux d’athlètes olympiques, comme Isabelle Inchauspé. Cela offre donc un panel large au niveau des expériences de pratique.
Tous les coaches interrogés ont été sélectionnés sur le critère de l’expérience de l’accompagnement au téléphone. Voici donc ce qu’il en est ressorti.
Les coaches interrogés ont indiqué que leurs clients à distance se livraient plus qu’en présentiel. Pourquoi? Parce qu’en réalisant la séance chez soi, à son bureau, ou dans dans un environnement qui nous est familier, (notre zone de confort), nous avons tendance à nous y sentir généralement bien et protégés*. Nous pouvons facilement nous déplacer, marcher, regarder ou l’on veut. Cela confère un sentiment de sécurité qui participe à l’apaisement et au lâcher prise nécessaires pour profiter de ce moment pendant lequel nous pouvons aller chercher des réponses en nous.
Cette sécurité ressentie par le coaché va venir renforcer le sentiment de confiance vis à vis du coach et ainsi favoriser la relation client/coach. La qualité de cette relation est un élément déterminant dans le succès de l’accompagnement, car le coach a besoin qu’on lui livre des éléments personnels sur lesquels il va pouvoir s’appuyer pour travailler. Pour cela, il faut se sentir prêt à se confier à l’autre.
Les entretiens ont montré que l’absence de référentiel physique déshinibait de la peur d’être jugé. La distance permet notamment de s’affranchir de la crainte que certains traits de personnalité, propos, comportements, éléments de langage, ou que tout autre élément puisse être critiqué.
On se sent ainsi rapidement à l’aise, complètement libre, on lâche prise et on se livre plus facilement. C’est un format décrit comme idéal pour les personnes introverties, qui souffrent d’un déficit d’image ou qui ont peur du jugement ou du regard des autres, ou qui recherchent simplement la discrétion.
A distance, on dispose de la capacité de mettre l’entretien en pause ou d’y mettre fin à tout moment. C’est comme une issue de secours toujours accessible, un bouton d’arrêt d’urgence. Si l’on vient à ressentir un sentiment émotionnellement trop puissant ou que l’on ne se sent pas en capacité de poursuive l’échange, nous conservons la possibilité de raccrocher immédiatement ou de le mettre en pause.
Cela offre un cadre protecteur, qui permet de partager avec le coach des choses plus personnelles. Il est également plus facile de franchir le pas quand on sait que cette issue de secours est accessible à tout moment.
L’échange à distance permet d’aller plus loin dans les éléments que l’on va pouvoir révéler au coach. Les coaches interrogés ont indiqué que les coachés se lâchaient plus à distance. L’explication: à distance, nous pouvons parler de choses dont nous aurions plus de difficulté a parler en physique. L’introspection peut ainsi aller plus loin et la recherche de réponses également. Le coach peut creuser encore plus et son travail peut aller encore plus en profondeur. Le coaché peut restituer certains éléments de contexte encore plus précisément et permettre ainsi au coach de mieux le comprendre. Nous exprimons aussi plus directement nos besoins, tout comme nos problématiques les plus personnelles. L’entrée dans le processus de coaching se fait également plus rapidement et la phase de travail actif peut aller plus vite.
Lorsqu’elle est réalisée dans un contexte adéquat de calme et d’isolement, les coaches interrogés ont indiqués que les séances offraient peu de distractions et donnaient l’opportunité de se concentrer les mots, le vocabulaire, la voix, son rythme, les expressions. Ce constat est valable pour les coaches, mais aussi pour les coachés. Chacun fait plus attention aux mots et les choisit mieux. On exprime ainsi mieux notre réalité. Le coach a donc ainsi besoin de moins de temps pour re-contextualiser et peut ainsi aller à l’essentiel . Enfin, il peut réaliser des séances plus qualitatives, plus ciblées et plus contenues.
Vous l’avez compris, le coaching à distance est bien plus qu’une option de secours, c’est une méthode efficace qui offre de nombreux avantages ainsi que de belles perspectives, et pas seulement en cette période de confinement.
Si elle est aujourd’hui la seule option envisageable à l’heure actuelle, elle n’en demeure pas moins une solution utilisée régulièrement par des coaches sénior qui l’utilisent avec succès tous les jours et attestent de son efficacité. Nous l’avons vu, la pratique du coaching à distance doit être appréhendée différemment du face à face et nécessite quelques adaptations. Je prendrai le soin de détailler les clés de la réussite d’un parcours de coaching à distance dans un autre article prochainement.
D’ici là, pourquoi ne pas franchir le pas et décider d’évoluer dans un domaine qui vous tient à coeur: coaching de vie, coaching de performance, coaching professionnel ou coaching mental et qui ferait une différence significative dans votre vie personnelle ou professionnelle?
Si vous avez des questions, des commentaires par rapport à cet article, je vous invite à me contacter via le site coachtaillo.com
A bientôt.
Antoine, Alias Coachtaillo
*Dans certains cas, la zone de confort peut toutefois s’avérer être plutôt un frein à l’avancée du coaching.
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